Aucun autobus,(*) fut-il le plus sophistiqué, n'a jamais provoqué autant d'émotions et d'admirations que le tramway ! Laissons (1) Marcel Pagnol, dans "la Gloire de mon Père"(2), nous conter ses émotions de jeune voyageur :
 

 

"Dans un tintamarre de ferrailles, au tremblement cliquetant de ses vitres, et avec de long cris aigus dans les courbes, le prodigieux véhicule s'élança vers l'avenir. (...) Je voyais le dos du "wattman", qui, ses mains posées sur deux manivelles, lançait et réfrénait tour à tour les élans du monstre, avec une tranquillité souveraine. Je fus séduit par ce personnage tout-puissant, auquel s'ajoutait un grand mystère, car une plaque émaillée défendait à quiconque de lui parler, à cause de tous les secrets qu'il savait.
Lentement, patiemment, en utilisant les cahots et les coups de freins, je me glissai entre mes voisins, et j'arrivai enfin près de lui. (...) Alors, les rails luisants s'avancèrent vertigineusement vers moi. (...) Je n'ai jamais retrouvé sur les machines les plus modernes, cet orgueil triomphal d'être un petit d'homme, vainqueur de l'espace et du temps."

(*) "Le bus est au tramway ce que fut le rutabaga à la pomme de terre !" (d'après une pensée d'un paysan breton )

(1) Extrait de l'ouvrage :  "Les Tramways de Marseille ont cent ans" --  (2) Édition Pastorelly 1957.

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